Quand la vie n’a plus d’odeur

Environ 20 % de la population, bien plus chez les aînés, se trouve un jour nez à nez avec une situation étrange et dérangeante : la perte totale (anosmie) ou partielle (hyposmie) de l’odorat ou, plus rarement, d’une perception tordue des odeurs (parosmie). Si vous ignorez tout des troubles olfactifs, voici l’occasion de vous mettre au parfum.

« Il est tout à fait normal de constater une dégradation significative de l’odorat à partir de 60 ans, un déclin qui se produit plus tôt chez les hommes que chez les femmes », explique Johannes Frasnelli, professeur au Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Des causes multiples

Outre le vieillissement, des maux du nez ou de la muqueuse nasale peuvent être à l’origine de troubles olfactifs : sinusites chroniques, allergies, polypes, etc. Un traumatisme crânien, la maladie d’Alzheimer et le Parkinson peuvent également être en cause. Aussi, ils peuvent apparaître à la suite d’une infection virale.

C’est le cas de Denise Bélisle, 80 ans. Après une vilaine grippe, en 2013, elle s’est mise à trouver des odeurs bizarres à la nourriture, au café, à l’eau. Elle avait aussi l’impression qu’une odeur de caoutchouc brûlé flottait dans l’air, que son urine dégageait des relents suspects, etc. Il s’ensuivit une perte importante de poids due à une nausée persistante et un long épisode proche de la dépression.

« Je pensais que je devenais folle. Je me cachais sous les couvertures pour tenter de fuir les odeurs, je ne sortais plus car je craignais de sentir mauvais, j’étais gênée d’avouer à mes proches ce qui m’arrivait », dit celle qui, encore aujourd’hui, réussit difficilement à composer avec sa situation.

Consulter ou ne pas consulter…

« Malheureusement, on ne peut pas faire grand-chose contre les troubles olfactifs. Le cas échéant, on peut s’attaquer à la maladie de base qui les cause, telle que la sinusite chronique. Toutefois, il n’y a pas de spécialiste des troubles olfactifs en tant que tels. Des médecins ou des ORL peuvent les diagnostiquer, sans plus », explique le professeur Frasnelli.

De plus, la vigilance est de mise, car les troubles olfactifs empêchent de détecter une fuite de gaz, de la fumée, de la nourriture périmée, etc.

Dans certains cas, les gens recommenceront graduellement ou soudainement à percevoir les millions d’odeurs existantes, notamment grâce à la régénération des neurones.

« Le plus efficace demeure de s’entraîner à percevoir les odeurs à nouveau. Il s’agit de sentir quatre ou cinq odeurs, deux fois par jour, pendant plusieurs semaines. Puis, on passe à un autre groupe d’odeurs. Cela amène une amélioration de l’odorat, ce qu’on ne peut pas faire avec l’ouïe ou la vision », explique M. Frasnelli.

Faites avancer la recherche !

Par ailleurs, les personnes atteintes de troubles olfactifs qui habitent en Mauricie et accepteraient de participer à des projets de recherche peuvent communiquer avec le chercheur à johannes.a.frasnelli@uqtr.ca