Pour des soins médico-esthétiques de toute beauté

Les soins médico-esthétiques concernent les soins prodigués par l’entremise de divers instruments, substances ou sources énergétiques : Botox, laser, ultrasons… Ça vous intéresse ? Commencez pas lire ceci.

 Devant l’explosion de la demande, illustrée aux États-Unis par une augmentation de 600 % en 20 ans, le Collège des médecins du Québec (CMQ) a jugé bon de produire un rapport sur la question. Ses conclusions ? Le diagnostic, le plan de traitement et le tout premier geste médico-esthétique devraient être réservés aux seuls médecins.

Le maniement de certains appareils médicaux (laser, radiofréquences, etc.) peut ensuite être délégué à une infirmière ou à une technicienne qualifiée… à condition que le tout se déroule dans un cadre adéquat. Autrement dit, bye-bye forfaits de groupe et soirées Bulles et Botox !

3 belles raisons de fuir

  • Le médecin a peu ou pas de formation en esthétique (on a vu des pédiatres se passionner soudain pour le Botox) ou il paraît doté d’un piètre sens artistique.
  • Il n’explique pas en détail le traitement (sédation, douleur, nombre de séances, durée de convalescence, retouches possibles), ainsi que tous les risques encourus, des plus légers aux plus graves et aux plus rares.
  • Il n’est pas là pour assumer l’entière responsabilité de son équipe (techniciens, infirmières).

Pense-beauté : Au Québec, seuls une dizaine de dermatologues se consacrent exclusivement à l’esthétique.

C’est (presque) vrai

Ça ne fera pas mal : Tout dépend du traitement, de la zone (le pourtour de la bouche est plus sensible), de la sédation et de votre seuil de tolérance à la douleur. En général, les radiofréquences Thermage, le laser anticouperose, les ultrasons, la cryolipolyse et les greffes capillaires sont déplaisants.

Mieux vaut subir plusieurs traitements simultanés : Oui, si vous avez confiance en votre médecin et recevez l’assurance que la convalescence ne sera pas interminable.

Pense-beauté: Notez à l’avance vos questions. Lisez bien les feuillets reçus (les patients ne mémorisent en moyenne que 20 % des informations transmises). Et n’oubliez jamais qu’un formulaire de consentement paraphé implique que vous acceptez tous les risques énumérés.

En cas de catastrophe

Un patient lésé peut porter plainte au Collège des médecins du Québec (CMQ) si le médecin n’a pas démontré un « degré raisonnable de compétence et d’habileté » (appareil mal calibré, peeling surdosé, acte délégué à l’insu du patient, etc.)

Le patient peut aussi intenter une poursuite civile afin d’obtenir une compensation financière, pour autant qu’il y ait un lien entre une faute commise (personnel non qualifié, manque d’asepsie, etc.) et un préjudice subi.

Cela dit, tout médecin est tenu à une obligation de moyens, non à une obligation de résultats. En l’occurrence, une mauvaise cicatrisation ou des granulomes imprévus ne constituent pas forcément un délit, contrairement à un implant injecté dans un vaisseau sanguin plutôt que dans la peau (ce qui entraînerait une nécrose des tissus).

Pense-beauté : au cours des dix dernières années, seulement quatre médecins (sur une vingtaine de plaintes déposées) ont eu à rendre des comptes en lien avec des activités esthétiques.

Esthéticiennes : les beaux malaises

Pour leur part, la moitié des esthéticiennes offrent des soins de photo-épilation et/ou de photorajeunissement recourant à de puissants appareils (IPL, laser). Or il n’existe pas de formation obligatoire et uniforme à ce sujet. Aucun enquêteur ou ordre professionnel ne veille non plus à l’hygiène des milieux esthétiques. Enfin, l’Association des professionnels en électrolyse et en soins esthétiques (APESEQ), dotée celle-là d’un code de déontologie, ne regroupe que 500 membres.

Par ailleurs, quelles que soient ses qualifications (diplôme d’études professionnelles, certificat de l’APESEQ ou attestation de spécialisation), aucune esthéticienne n’a l’expertise pour poser un diagnostic médical ou traiter des anomalies cutanées (cicatrice fraîche, herpès labial actif, lupus, etc.). À titre d’exemple, une lésion ne doit jamais être effacée car elle pourrait être précancéreuse.

3 zones à risques

  1. Les appareils énergétiques (IPL, laser). Mal utilisés, ils peuvent marquer ou brûler la peau. Peu précise, la lumière pulsée (IPL) est déconseillée pour la photo-épilation. Quant au laser esthétique, il risque de décolorer une peau mate.
  2. Les salons de tatouage/détatouage. L’absence de réglementation accroît le risque d’infection (HIV, hépatite B, etc.) et d’allergie au henné noir (seul le henné rougeâtre, exempt de PPD, doit être employé). Aussi à bannir : les injections chimiques de détatouage faites avec des acides caustiques.
  3. Les bars à ongles. La prévalence d’infections fongiques aux ongles chez 20 % de la population et leur actuelle progression commande d’exiger des instruments (lime, coupe-cuticules) stérilisés dans un autoclave ou par trempage dans une solution germicide. De brèves pulvérisations ne suffisent pas.

La boule à mythes

  • Un excès d’implant antiâge ne peut être neutralisé. Faux. Une injection d’enzyme gommera des traits boursoufflés par un abus d’acide hyaluronique.
  • Le Botox fige tout le visage. Faux. Limité au front, son rayon d’action est de 5 mm.
  • Les résultats du procédé régénérant PRP sont spectaculaires. C’est le cas seulement si le plasma sanguin du patient est riche en plaquettes.
  • Une peau foncée n’exige pas de laser spécifique. Faux. Pour éviter les troubles de pigmentation, il faut un laser particulier, par exemple un laser fractionné de type Clear & Brilliant. Le peeling chimique peut aussi être contre-indiqué.
  • Les spas ne sont soumis à aucun système d’inspection. Vrai. Seuls les propriétaires veillent à ce que les eaux soient adéquatement traitées contre les germes. Ce qui expliquerait que, selon deux rapports de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), plusieurs cas de folliculites aient été notés.
  • Les extensions de cils doivent être posées une par une, en position couchée. Vrai. De plus, la colle employée doit être à base de cyanoacrylate.

Bottin

  • Association des dermatologistes du Québec, www.adq.org (onglet Dermatologie esthétique)
  • Association canadienne de médecine esthétique, www.caam.ca (onglet Medical Procedures)
  • Association des professionnels en électrolyse et soins esthétiques (APESEQ), www.aeeq.ca
  • Société canadienne de chirurgie plastique et esthétique (SCCPE), www.csaps.ca (onglet Procédures de rajeunissement)
  • Société québécoise d’intelligence juridique (SOQUIJ), blogue.soquij.qc.ca (onglet Esthétique)