Non traditionnelle

Marie-Lise Pilote semblait prédestinée à un parcours non traditionnel. Elle était la seule femme du Groupe Sanguin avant de devenir humoriste solo. Et lorsqu’elle a fait ses premiers pas comme animatrice, c’était pour une émission de rénovation ! Pas étonnant qu’elle soit la porte-parole du concours Chapeau les filles ! visant à promouvoir les métiers traditionnellement masculins auprès des jeunes filles et qu’elle soit associée de Pilote & filles, une collection de vêtements de travail pour femmes. Rencontre avec une personne d’une authenticité réconfortante !

Bien dans sa peau

De retour sur scène après 13 ans d’absence dans son 4e One Woman Show intitulé Réconfortante, Marie-Lise Pilote porte avec audace les chaussures – ou les bottes de travail – d’une féministe qui s’assume et d’une femme bien dans sa peau, malgré les rides ou le « mou-mou » de bras ! « À 49 ans, c’était essentiel pour moi de parler de choses nouvelles, de choses qui me préoccupent. Entre autres, je trouvais important de m’afficher comme une femme sans chirurgie esthétique. Je trouve ça beau, moi, des rides d’expérience et des rides de rire. »

Ça ne veut pas dire que Marie-Lise trouve ça toujours drôle de vieillir. Mais elle tourne ça en blague et le public la suit volontiers sur cette voie réconfortante : « Quand on est jeune, tout ce qui est laid sur un support est beau sur nous et quand on vieillit, tout ce qui est beau sur un support est laid sur nous. À mon âge, c’est juste plus long de magasiner ! »

Différente

Sa tournée de spectacles, qu’elle a débutée en novembre dernier et qu’elle voudrait bien voir durer trois ans, fait bien sûr revivre la Méchante, qui se présente en version faussement améliorée d’elle-même et la sensuelle Femme des Îles, dont le monologue puissant force à retenir ses éclats de rire pour n’en rien manquer.

Ingénieusement appuyée par des techniques multimédias, elle initie aussi le public au doublage. Autre aspect original : elle se mêle aux gens avant le début du spectacle, y allant d’improvisations très réussies. Comme cet homme à qui elle a dit qu’il avait dû partir vite de la maison, parce qu’il avait oublié ses cheveux !

Mais Marie-Lise profite aussi de cette tribune pour dénoncer certaines situations, notamment les trop lentes améliorations en matière d’équité salariale, un phénomène qui perdure presque dans l’indifférence totale, ce qui la choque profondément. Il y a également un numéro sur la place des femmes dans l’Église, qui fait réfléchir puis tourne au délire lorsqu’elle imagine un Vatican dirigé par une femme, en l’occurrence elle-même : la papesse Pilote première !

Les différents types d’amitiés féminines sont également étayés avec finesse dans Réconfortante, dont Marie-Lise a fait la script-édition en plus d’écrire 43 % du contenu. « Je suis très fière d’avoir enfin passé par-dessus mon complexe d’écriture. L’ordinateur m’a aidé à y arriver car je suis un peu dyslexique. »

Conséquente

On ne s’étonnera pas que Marie-Lise endosse des causes comme L’Arrêt-Source (arretsource.org), une maison pour femmes de 18-30 ans en difficulté dont elle est la marraine. « Cette maison existe depuis 25 ans et affiche un taux de réussite de 80 % auprès de femmes qui y sont hébergées et accompagnées pendant une période pouvant atteindre deux ans. C’est ma cause, mon bénévolat. Quand je fais ça, je me sens utile », dit celle qui était attirée, dans sa jeunesse, par des études en éducation spécialisée.

Une autre façon de manifester sa solidarité féminine tout en exploitant son sens des affaires est d’être associée depuis quatre ans à la collection de vêtements de travail Pilote & filles, qui serait unique en son genre au monde et dont le chiffre d’affaires annuel est de 1 M $. Bottes de travail roses à cap d’acier, gants de travail aux ongles rouges et autres vêtements et accessoires permettent aux femmes évoluant dans des métiers de la construction d’être confortables et à leur avantage. Il y a même des blagues sur les étiquettes de chaque produit, « parce que ça prend un bon sens de l’humour pour œuvrer dans ces milieux de travail-là ».

Pleine de projets… et de rêves !

Pour Marie-Lise, le passage du temps n’a pas d’importance et elle ne se sent pas l’âge qu’elle a. Son secret : elle carbure aux projets. Voyager seule ou avec son chum, renouer avec le plaisir de jouer avec d’autres, comme à l’époque de la comédie Histoires de filles, refaire du cinéma comme elle l’a fait dans L’homme idéal, se réserver du temps pour jouer son rôle de tante gâteau et, bien sûr, rénover. « J’aime faire des plans, poser de la céramique, retaper des vieux meubles, créer des éléments originaux. Au chalet, c’est moi qui ai fait le plan électrique, les divisions et plusieurs étapes de finition, dont trois semaines à poser de la céramique dans un bain-vapeur », confie celle qui a animé Ma maison Rona pendant sept saisons.

Elle a aussi des rêves. « J’aimerais tenir de grands rassemblements de femmes au cours desquels il serait question de solidarité et d’avenir. »

Elle aimerait également rencontrer Lise Payette, son idole de jeunesse. « À dix ans, j’étais mordue de l’émission Appelez-moi Lise. Mes parents m’avaient offert un magnétophone avec un micro et je m’amusais à l’imiter. Mon petit frère jouait le rôle de co-animateur et, tout comme la vraie Lise Payette avec Jacques Fauteux, c’est moi qui le menais ! J’ai une admiration sans borne pour cette femme d’un grand charisme et d’une grande intelligence. »

Il y a fort à parier que Mme Payette prendrait plaisir à rencontrer Marie-Lise, dont elle apprécierait l’intégrité, la vivacité d’esprit, les convictions féministes et, bien entendu, le sens de l’humour !