Microbiote, dis-moi tes secrets

Tous s’accordent là-dessus : on n’a jamais trop d’amis. Si on les traite bien, ils nous rendent la pareille. Cette bienveillance devrait s’étendre aux quelque 100 milliards d’ «  amis » qui composent notre microbiote, que d’aucuns surnomment « deuxième cerveau » de notre corps. Mais ce n’est malheureusement pas le cas…

« Le microbiote n’est pas qu’un mot à la mode. C’est une découverte majeure qui révolutionne la médecine. Les données préliminaires semblent extraordinaires. On n’a pas vu ça au cours des 20 dernières années », indique Dr Jean-Pierre Routy. Cet hématologue signe la préface du livre L’Étonnant pouvoir du microbiote, d’Erica et Justin Sonnenburg (Édito, 352 pages, 29,95 $).

Une science prometteuse

Le microbiote a toujours existé. Toutefois, la médecine génomique a permis de mieux comprendre ce qu’on appelait auparavant « flore microbienne », c’est-à-dire les microorganismes situés principalement dans le système digestif.

Bien que cette science soit très jeune, on réalise maintenant l’étonnante diversité d’espèces de bactéries qui composent le microbiote ainsi que leur influence sur l’état général de notre corps. Par ailleurs, l’interaction constante et modulable entre le système immunitaire et le microbiote suscite beaucoup d’espoirs.

« Nous découvrons que le microbiote est un facteur imprévu, parmi d’autres, relié aux maladies du système digestif mais aussi aux douleurs articulaires, à l’autisme, à la dépression, etc. », note Dr Routy.

Ainsi, la collecte de selles est appelée à faire davantage partie de l’arsenal médical, non seulement à des fins diagnostiques mais aussi pour mieux soigner les malades. Toutefois, le microbiote est loin d’avoir révélé tous ses secrets, puisqu’il est très complexe et unique à chacun, telle une empreinte digitale interne.

Vive la diversité !

Puisque chaque microbe a son rôle, l’hétérogénéité de notre microbiote influence directement notre santé. « […] le microbiote occidental contient une diversité microbienne appauvrie comparée à celle de personnes ne consommant pas autant d’aliments transformés (voire aucun), ne se faisant pas prescrire de traitements antibiotiques plusieurs fois par an et n’emportant pas de désinfectant avec eux partout où ils vont », écrivent les auteurs de L’étonnant pouvoir du microbiote, tous deux chercheurs en microbiologie et en immunologie.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de renverser la tendance et de cultiver l’ « amitié » qui nous lie avec notre microbiote afin d’en retirer des bienfaits pour notre santé.

Pour ce faire, Erica et Justin Sonnenburg suggèrent notamment d’adopter une alimentation riche en fibres issues des fruits, des légumes et des céréales, de se limiter à une quantité limitée de viande et de graisses saturées, puis de consommer des probiotiques telles que le yogourt et autres aliments fermentés.

Aussi, ils recommandent de limiter la prise d’antibiotiques aux situations où c’est vraiment nécessaire, en raison des dommages collatéraux qu’ils infligent à nos microbes bénéfiques.

Enfin, ils remettent en question la tendance à créer un univers complètement aseptisé autour de nous.