C’était en Normandie, il y a 70 ans…

La région du Bessin, qui abrite les plages du débarquement et la ville historique de Bayeux, sera en effervescence en juin à l’occasion des commémorations du 70e anniversaire du célèbre débarquement du 6 juin 1944. Toutefois, ces événements et cérémonies ne sont qu’atouts supplémentaires pour cette partie de France qui a beaucoup à offrir à l’ensemble des voyageurs, en matière de paysages et de patrimoine.

Cet été, les routes de Normandie verront défiler bon nombre de jeeps et véhicules militaires d’époque, pilotés par des « soldats » en uniformes de la Deuxième Guerre mondiale. Ces commémorations revêtiront une importance toute symbolique, alors que cette décennie verra sans doute les vétérans de ce conflit réunis pour une dernière fois.

Complètement débarquement

Cette région offre un tel choix de musées, de sites historiques et de centres d’information dédiés au débarquement, qu’il faut faire des choix. Un circuit complet comporterait les visites suivantes :

  • Le Mémorial de Caen, qui présente une chronologie des évènements ayant mené au conflit, jusqu’à la reddition de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon, en 1945.
  • Le Musée du débarquement d’Arromanches et le port artificiel Mulberry. Ce dernier a nécessité huit mois de construction en Angleterre et seulement quelques jours pour son installation fonctionnelle, en vue du ravitaillement des troupes.
  • Le Cimetière canadien de Beny-sur-Mer, où reposent 2048 soldats. La batterie allemande de Longues-sur-Mer. Sainte-Mère-l’Église, où John Steele (du moins son mannequin) est toujours accroché au clocher de l’église (une scène célèbre du film Le jour le plus long). Ou encore, le récent Overlord Museum de Colleville-sur-Mer, avec sa collection de scènes d’époque.

Un musée dédié aux Canadiens

La plage de Courseules-sur-mer (nom de code Juno Beach, le 6 juin 1944), accueille le Centre Juno Beach. Ce musée est dédié aux Canadiens qui ont participé à ce conflit, tout autant qu’au mode de vie au Canada à cette époque. Environ 30 % des visiteurs du Centre sont canadiens. Sa jeune et dynamique directrice, Nathalie Worthington, explique que 450 000 volontaires Canadiens ont franchi l’Atlantique tout au long de la guerre. Et que 45 000 d’entre eux y ont laissé leur vie.

« Pourquoi des volontaires ? Parce que les parents de ces jeunes soldats canadiens, deux ou trois générations plus tôt, étaient français ou irlandais. Ils venaient défendre les pays de leurs ancêtres », explique-t-elle. Mme Worthington apprendra aux visiteurs que, le 5 juin 1944, des Canadiens ont libéré Rome. Mais les circonstances ont voulu que ce fait de guerre se déroule la veille du débarquement et ne soit pas retenu par l’Histoire.

Le Centre évoque aussi le tristement célèbre raid de Dieppe, en août 1942, au cours duquel des centaines de soldats canadiens se sont fait massacrer sur la plage. Selon Lord Mountbatten, militaire de haut rang dans l’armée britannique à l’époque, « une vie perdue à Dieppe a sauvé 10 vies le 6 juin », les alliés ayant tiré des leçons de ce tragique événement.

Plages, musées, Véloroute…

Mais il ne faut pas perdre de vue que les plages du débarquement sont aussi des plages. Et que les paysages de la Normandie, et du Bessin en particulier, offrent aux amateurs des sites et des activités variés sans lien aucun avec l’histoire militaire.

Centrale, la ville de Bayeux s’édifie en havre de paix parmi toutes ces images guerrières. Elle a eu cette chance inouïe d’être épargnée par les incessants bombardements que la Normandie a connus. Elle abrite des bâtisses datant du Moyen Âge et de toutes les époques jusqu’à nos jours.

La visite du Musée de la tapisserie de Bayeux, un incontournable, plongera le visiteur dans une « bande dessinée » de 70 m de long, relatant les hauts faits de Guillaume le Conquérant, lors de sa conquête de l’Angleterre en 1066. En juillet prochain s’ajoutera la tapisserie D’Aurigny (Alderney en anglais), un projet impliquant 400 personnes, qui représentera la dernière scène, manquante jusqu’à ce jour, de la tapisserie de Bayeux.

Par ailleurs, Bayeux fête ses Médiévales chaque première fin de semaine de juillet. Spectacles, reconstitutions historiques, parades de costumes et marché médiéval prennent alors vie autour de la cathédrale.

Et puis, la campagne du Bessin se découvre volontiers à vélo, le long de la Véloroute, qui emprunte des chemins peu fréquentés par les automobiles. L’itinéraire part des plages du débarquement et sillonne les campagnes jusqu’au Mont Saint-Michel. Les prairies succèdent aux marais, aux canaux et à leurs chemins de halage, aux gorges spectaculaires de la rivière Souleuvre pour finir, en apothéose, sur la baie du Mont Saint-Michel. Les circuits de la Véloroute se pédalent sur 15 à 50 km et sont accessibles à toute la famille.

Arrêt obligé à l’hôtel le Lion d’Or

L’hébergement dans la région du Bessin peut s’envisager de diverses manières : hôtels urbains, auberges de campagne, demeures d’époque… Il en existe pour tous les goûts et toutes les bourses. Bayeux abrite aussi l’incontournable hôtel le Lion d’Or, qui doit sa notoriété aux personnalités illustres, acteurs, politiciens, têtes couronnées qui y ont séjourné et laissé leur photographie dédicacée sur les murs du bar-salon.

Ici, la petite histoire rejoint celle avec un grand H. Eisenhower et Montgomery y avaient leurs quartiers lors du débarquement, en 1944. John Wayne y avait élu domicile lors du tournage du Jour le plus long, en 1961. Et Tom Hanks y résidait lors du tournage d’Il faut sauver le soldat Ryan.

« Les plages du débarquement ne sont pas un site que l’on visite, mais un site que l’on vit »,  disait justement un guide interprète rencontré sur place. Le ressenti, à travers les reconstitutions d’époque, les sites en bord de mer où subsistent encore bunkers fortifiés, blockhaus éventrés, canons rouillés, c’est que cette Histoire est toujours présente sous forme d’émotion et partagée par chaque visiteur. La Normandie et le Bessin expriment l’Histoire et le souvenir, mais donnent surtout envie de se créer de nouveaux souvenirs.

Informations : bessin-normandie.com

Photo : Yves Guézou